Laboratoire de recherche en neuro-imagerie à Caen, une ‘première oeuvre’ signée Vialet Architecture  

Franck Vialet, 36 ans, est lauréat du Prix de la Première œuvre 2005 organisé par Le Moniteur. Du coup, l’ouvrage fut décrit, décortiqué, analysé, critiqué longuement et, dans un sens, son image n’appartient plus à son auteur. Lequel revient donc sur ses intentions originelles et sa propre vision du programme.

Première Oeuvre | Santé | | Calvados | Franck Vialet – Le texte ci-dessous est signé Franck Vialet

Le bâtiment est destiné à accueillir 250 chercheurs et de nombreux équipements de haute technologie (IRM 3T, IRM 7T, microscopes, EEG, laboratoires) spécialisés dans la recherche sur l’imagerie du cerveau.

Malgré les grandes contraintes techniques et fonctionnelles du programme, le bâtiment possède sa propre dynamique de volume et d’espace. Ancrée dans le paysage arboré, le bâtiment émerge du sol vers un porte-à-faux surplombant le terrain. Le bâtiment, en forme d’un parallélépipède allongé, a été évidé sur sa périphérie et complété par des volumes rapportés (les 2 IRMs et l’accueil).

Les terrasses du niveau supérieur représentent une particularité du projet car elles permettent au personnel de profiter des espaces extérieurs et de la lumière naturelle qui entre par les grandes baies vitrées. Ces terrasses mettent les bureaux en retrait qui obtiennent ainsi une part de confidentialité et d’introversion.

L’enveloppe de façade est réalisée en béton naturel clair associé à de larges vitrages.

Les panneaux extérieurs en béton sont préfabriqués. Pour leur mise en oeuvre, nous avons travaillé en proche concertation avec l’atelier de fabrication situé à Caen, dans le but de faire évoluer le mode constructif. Ce type de fabrication, un peu connoté, trouvent une expression nouvelle par:

– la grande dimension des panneaux (livrés pour certains selon un itinéraire adapté sans ponts),

– le calpinage biais faisant effet de texture de surface,

– les pièces d’angle, réalisées selon un procédé préfabriqué en 3D.

– la nature porteuse des panneaux de façade, qui supprime les éléments de structure à l’intérieur.

– les parements, lisses et soignés

– les joints entre éléments, en mousse expansive

– les lasures minérales de finition

La structure du bâtiment reprend des procédés constructifs en béton courant et intègre le classement en zone sismique 1a.

Les menuiseries sont de type mur-rideau en aluminium (Reynaers) avec ouvrants VEC. La hauteur des ouvrants sur les terrasses est de 2,60m, ce qui constitue une limite dimensionnelle pour les châssis de 5cm d’épaisseur.

Les surfaces vitrées présentent une apparence iridescente. Des reflets sont crée par l’assemblage de vitrages standard avec des verres miroir bleutés (Pilkington Suncool Bleu 50/27 – réfléchissants, ces verres possèdent une teinte bleue et des nuances de mauve selon la position du regard) et des verres avec un film rose (Vanceva Rose).

Très épais, les double-vitrages ont étés choisis afin de maîtriser les apports solaires et les déperditions vers l’extérieur. Des panneaux solaires intérieurs (Batyline sur cadre suspendus en acier) coulissent comme des paravents derrière les surfaces les plus ensoleillées. Leur déplacement se fait manuellement.

D’autres éléments constructifs comme les revêtements de court de tennis des terrasses (Bétons poreux type Euroquick de Colas), les sols en agrégats de caoutchouc (Haltopex de Boulanger) dans le hall d’entrée et des résines d’étanchéité en toiture (Alsan Flashing de Soprema) autorisant la suppression des couvertines caractérisent l’aspect du bâtiment.

Après avoir contourné le bâtiment par le nord, on découvre le nouvel accès au bâtiment qui se situe face au jardin réalisé au cœur du centre de recherche. L’entrée s’effectue par une large rampe de faible inclinaison. Un escalier métallique ouvert, dont les marches sont en Ductal (Lafarge), relie les deux étages du pôle de recherche.

Les deux niveaux sont organisés autour de circulations centrales qui sont éclairées naturellement et qui s’élargissent ponctuellement pour créer des espaces d’échange et de sociabilité pour les chercheurs.

A l’étage les bureaux sont regroupés en pôles. Trois, quatre, six ou dix cellules de travail (15m²) sont assemblées et permettent une grande diversité spatiale.

Au RDC les laboratoires occupent la totalité de la largeur du bâtiment. Cette disposition simple autorise une flexibilité des aménagements en liaison avec les évolutions des besoins de recherche. Les locaux sont regroupés selon leurs risques spécifiques : laboratoires classiques, laboratoires utilisant des éléments radioactifs, IRM. Leur disposition respecte également une hiérarchisation des expérimentations sur des sujets des plus grands au plus petits, des salles de dissection aux salles de microscope, jusqu’au au laboratoire ADN/ARN.

Les laboratoires sont climatisés et équipés de paillasses, hottes et sorbonnes.

Les intérieurs sont relevés d’un vert vif aux murs (RDC) ou aux plafonds (étage) qui prolonge l’environnement arboré du campus vers l’intérieur et égaie l’atmosphère clinique de ce lieu de recherche.

 Fiche technique :

  • Laboratoire de recherche en neuroimagerie pour le GIP CYCERON à Caen.
  • Maître d’ouvrage : GIP Cyceron
  • Architecte : Vialet – sarl d’architecture, mandataire –
  • Architectes associés : Franck Vialet (DPLG) ; Bettina Ballus (Dipl. Ingénieur – ALL )
  • Collaborateurs : Olivier Blondeau, Laure Brusset, Eftychia Moska, Yolene Gilbert, Jean Philippe Poiroux, Céline Turpin.
  • Lieu : Caen – Campus du Ganil
  • Surface : 2.300 m² SHON
  • Concours lauréat : septembre 2002
  • Début travaux : janvier 2004
  • Livraison : mai 2005
  • Coût des travaux : 3.389.600 M€ TTC hors équipements scientifiques
  • Programme : Extension de locaux existants pour accueillir un laboratoire en Neuroimagerie Fondamentale et un laboratoire en Neurosciences Cognitives dont un IRM 3T et un IRM 7T pour environ 250 chercheurs
  • BET TCE : Betom – Versailles
  • Economiste : Fabrice Bougon – Vanves
  • Pilote : ITE – Caen
  • Bureau de Contrôle : Véritas – Hérouville Saint Clair
  • Coordination SSI : B2C – Caen

 

Cet article est paru en première publication sur CyberArchi le 8 février 2006