L’Aquitaine en tête sur le cerveau 

Ce projet doit positionner la Région au tout premier rang mondial des neurosciences. Bettina Ballus, l’une des architectes du projet, veut proposer « une organisation fonctionnelle, efficace et évolutive à la fois ». 

L'aquitaine en tête sr le cerveauBettina Ballus, l’une des architectes du projet, veut proposer « une organisation fonctionnelle, efficace et évolutive à la fois ». PHOTO STÉPHANE LARTIGUE©

La livraison est prévue pour décembre 2014. C’est ce qu’a annoncé l’une des architectes, Bettina Ballus, à tous ceux qui assistaient à la présentation par la Région du projet Neurocampus.

Bettina Ballus et son associé Franck Vialet, d’un cabinet parisien, sont spécialisés dans la conception de bâtiments destinés à la recherche, à l’industrie ou au médical. L’agence a d’ailleurs reçu en 2005 le prix de la première œuvre du Moniteur pour la construction à Caen de laboratoires en imagerie du cerveau. Et elle édifie actuellement le centre de recherche en cancérologie de l’Inserm à l’oncopôle de Toulouse.
Bettina Ballus n’a pas caché que, bâtissant dans un espace qui abritait déjà le centre Magendie, il a fallu trouver des astuces pour réunir deux bâtiments existant sur le site Carreire (l’institut Magendie et la plate-forme génomique fonctionnelle) autour d’un bâtiment central. « La forme caractéristique du nouveau bâtiment résulte de la volonté de trouver une réponse adéquate au contexte urbain serré », explique l’architecte, qui veut en même temps proposer « une organisation fonctionnelle, efficace et évolutive à la fois ». Ainsi, chaque étage, partant d’une forme cubique, sera articulé différemment pour réagir à son voisinage. Il s’agira soit de dégager la vue, soit de resserrer des liens.

Car, dans ce lieu unique, c’est la communauté des neurosciences qui va se regrouper. Alain Rousset, le président de la Région, l’a bien précisé : « Neurocampus positionnera l’Aquitaine au tout premier rang mondial des neurosciences. » Et a insisté sur les fléaux modernes contre lesquels ce nouveau lieu de recherche est censé lutter : maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson, sclérose en plaques. « D’ici à 2030, le nombre de malades doublera si aucun remède n’est trouvé. Face à un tel fléau, la recherche redouble d’efforts. Génétique, cellules souches, vaccins, greffe de neurones, chirurgie du cerveau, techniques d’imagerie… la recherche médicale explore toutes les pistes pour venir à bout de ces maladies. En Aquitaine, la communauté scientifique des neurosciences dispose aujourd’hui d’un savoir-faire et d’une reconnaissance internationaux qui permettront d’asseoir une politique de développement ambitieuse et de positionner la Région. »
60 millions d’investissement

Le projet complet vise un investissement par la Région de 60 millions d’euros (en plus de ce qui a déjà été engagé dans le cadre du contrat de plan État-Région 2007-2013). L’opération immobilière représente un coût total de 45 millions d’euros. La Région prend en charge la majorité (38 millions). Ces bâtiments sont consacrés à deux nouveaux instituts de recherche : l’Institut interdisciplinaire de neurosciences (IINS), dirigé par Daniel Choquet, directeur de recherche au CNRS, et l’Institut des maladies neurodégénératives (IMN), dirigé par Erwan Bézard, directeur de recherche à l’Inserm. Un troisième édifice – la plate-forme de recherche clinique de l’IMN – est physiquement et fonctionnellement couplé à la construction de l’institut de bio-imagerie, dirigé par Vincent Dousset. « La bio-imagerie, a souligné Daniel Choquet, est un des atouts en raison de son interface avec la clinique. » Et de citer notamment les travaux sur la stimulation profonde dans la maladie de Parkinson.

Pier-Vincenzo Piazza, coordinateur du projet, annonce déjà que de nombreux travaux, dont on ne peut pour l’instant révéler le contenu exact, sont en cours, sur la schizophrénie, la toxicologie du cannabis, l’obésité et le diabète, la maladie de Parkinson. Et la proximité de la « route des lasers », a souligné Alain Rousset, devrait aussi être à l’origine de nombreuses collaborations entre disciplines. Le président du Conseil régional, ravi que « plus de 1 % des chercheurs du Neurocampus soient parmi les plus cités sur le plan international », rappelle avant tout les retombées sur l’emploi qui pourront être générées par cette concentration d’équipements et de cerveaux. L’Aquitaine compte en effet plus de 10 000 emplois liés à la santé. Un chiffre que l’ensemble des intervenants (université, Inserm, CNRS, CHU, Conseil régional) envisagent nettement en expansion.

 

HÉLÈNE ROUQUETTE-VALEINS