Une première œuvre entre ouverture et discrétion

Récompense aussi pour un puzzle de béton gris, le laboratoire de recherche en neuro-imagerie de Caen.

LE LABORATOIRE de recherche en neuro-imagerie, à Caen, cultive son air faussement aimable. A l’entrée du campus Jules-Horowitz, ce bâtiment, prix de la Première œuvre 2005, présente un petit pan de mur vert puis déroule sa façade creusée d’ouvertures et terrasses. Mais sans porte. Ce puzzle de béton gris est aussi une muraille. «Il fallait à la fois apporter une lumière généreuse à l’intérieur et protéger une activité sensible, explique l’architecte Franck Vialet. Les chercheurs ont besoin de confidentialité.» Il faut contourner cette carapace aux écailles de béton pour trouver l’entrée des nouveaux laboratoires et bureaux du Centre d’imagerie cérébrale et de recherches en neurosciences Cyceron. Créé en 1985, cet organisme spécialisé dans l’étude du fonctionnement du cerveau avait besoin d’étendre ses locaux, notamment pour abriter deux appareils d’IRM (imagerie par résonance magnétique nucléaire).

En 2002, il lançait donc le concours remporté par Franck Vialet. Né en 1969, celui-ci n’est pas un débutant. Diplômé de l’université de Sydney et de l’École d’architecture de Versailles, il a entre autres travaillé aux côtés de Jacques Ripault et Jean Nouvel. Il a créé son agence en 2001 et a, depuis, mené une restructuration à l’École d’architecture de Versailles avec Beckmann-N’Thépé et réalisé le laboratoire aujourd’hui primé. Selon Frédéric Lenne, du Moniteur, le jury a apprécié ce projet «d’une grande maturité». A l’époque, celui du concours avait jaugé ses qualités fonctionnelles. Contrainte par une enveloppe financière de 3,4 millions d’euros environ, cette extension de 2 000 m2 était aussi soumise à des obligations hautement techniques.
«J’étais là pour les mettre en volume», remarque Franck Vialet. Le dialogue s’est établi avec une équipe de maîtrise d’ouvrage formée de chercheurs. «Ce qui fait qu’aujourd’hui, nous n’avons pas de couacs de fonctionnement », remarque Bernard Mazoyer, le directeur de Cyceron. Mais le projet avait aussi su séduire par son esthétique. Après tout, note Bernard Mazoyer, «la recherche n’a aucune raison d’être austère».

MARIE DOUCE ALBERT